le billet de 500 €uros...

Accrochez-vous. C'est un peu long, mais intéressant. Et avec des conséquences très pratiques et positives.

Vous l'avez déjà vu, ce billet ? Tenu dans les mains ?

Moi, jamais. Je n'aimerais peut-être pas être payé avec. Cela serait terriblement angoissant de savoir qu'un revenu mensuel ne vaut pas deux de ces minces morceaux de papier. Mais c'est ainsi pour des millions et millions de gens (et de familles) en Europe.

Néanmoins (ici, je vous conseille de vous asseoir), en juillet 2012, d'après la BCE, qui les émet, il y avait environ 595 millions de billets de 500 euros en circulation au sein de la zone €uro.

Soit : 595.000.000 billets
x 500 €uros
___________________
297.500.000.000 €uros

C'est à dire : deux cent quatre vingt dix sept milliards cinq cent millions d'€uros.

Quoi ? Combien ?!

Oui. Les riches existent. Ils ont une vie qu'on ne connaît pas. Et même, c'est pour dire, des €uros que le commun des mortels ne voit jamais. Quelle magnifique métaphore !

La Banque Centrale Européenne, depuis la création de l'€uro, a conçu spécialement pour eux ce billet de 500 pour leur éviter d'avoir les poches gonflées de billets de 50 et 100 euros, ce qui serait vulgaire, et fatal aux poches des costumes. Il est étonnant que cette sérieuse institution ait pu ne pas être alertée par les précédents américains et anglais sur le fait que ce billet de 500 €uros allait faciliter les transactions au noir, les fraudes en tout genre, les évasions en cash vers la Suisse. C'est précisément pour cette raison que les États-Unis avaient supprimé le billet de mille dollars sous la présidence de Richard Nixon (cela fait un bail) tandis que la Banque d'Angleterre ne va pas au-delà de l'impression de billets de cinquante livres sterling.

Cherchez l'erreur ! et demandez-vous s'il était vraiment possible que c'en soit une. Grave, non ? L'Angleterre, qui a cessé de distribuer des billets de 500 €uros dans ses bureaux de change britanniques depuis le 20 avril 2010, estime que 90% d'entre eux servent au blanchiment d'argent.

La preuve : "Mileuristas", c'était l'expression consacrée, en Espagne, pour désigner l'immense majorité des salariés, qui devaient vivre avec mille euros par mois, Aujourd'hui, c'est moins. Quand on trouve un travail. Aussi, c'est avec surprise (enfin, pas totalement mais quand même) qu'on apprend qu'un quart des billets de 500 €uros émis par la BCE se trouve être en Espagne (vous avez oublié le chiffre, c'est normal : circulent en ce moment au sein de la zone €uro 595 millions de billets de 500 €uros!). Comme vous, vous pouvez tenir pour certain que les mileuristas n'en ont jamais vu.

Une étude de la Banque Merrill Lynch recommande la suppression rapide et définitive de ce billet. Ceux qui en possèdent auront toujours la possibilité de les échanger dans les banques contre des coupures de cent €uros, mais : "Au-delà d'un seuil, par exemple de 10 000 €uros, les déposants devraient justifier que leur argent a une origine légale. Et après une date butoir à définir, les billets d'origine suspecte et ceux qui n'auraient pas été déposés seraient considérés comme des profits pour la Banque centrale européenne."

Nous sommes pour cette proposition.
Nous nous étonnons de l'imprudence de la BCE, et de la complaisance des gouvernements européens envers le blanchiment d'argent et la fraude fiscale. Et cette fois-ci, on ne peut pas blâmer la Suisse ou l'Angleterre, qui m'émettent pas d'€uro. Qui a eu cette idée saugrenue des billets de 500 €uros ? Quel est son nom ? Où sont les responsables ? C'est une idée d'enquête.

Christian Perrot